De la brebis au jean : la laine reprend sa place
Quand on a décidé de relancer une filière laine, beaucoup nous ont pris pour des rêveurs.
La laine française ne valait plus rien : trop complexe à trier, trop chère à laver, trop de maillons manquants dans la chaîne.
Et pourtant, c’est une matière incroyable : chaude, respirante, résistante, naturelle.
Alors on a recommencé. Petit à petit. Avec quelques éleveurs, un tri à la main, des essais, des erreurs, beaucoup de persévérance.
Dix ans plus tard, plus de 100 tonnes de laine locale ont été collectées, triées, transformées et intégrées à nos vêtements.
Tondre, trier, laver, filer, tisser… chaque étape a son rythme, ses exigences, ses savoir-faire.
Et la plupart avaient disparu.
Nous sommes aller les chercher, dans les ateliers encore debout, chez des artisans qui avaient gardé le geste.
On a appris, on a réappris.
Et petit à petit, la chaîne s’est remise en mouvement.
Aujourd’hui, nous travaillons avec des tondeurs, des filateurs, des tisseurs français, tous animés par la même idée : redonner une vraie valeur à la laine.
Cette aventure, elle ne vit pas qu’à l’atelier. Elle vit aussi sur les causses, dans les prés, et désormais jusque dans les foyers de celles et ceux qui nous soutiennent.
En mars dernier, 300 clientes et clients ont investi directement dans notre filière laine , en adoptant pour nous des brebis mérinos. Grâce à cet élan collectif, 300 brebis ont rejoint notre troupeau, élevé par Fiona et Florian, nos bergers, pour relancer pas à pas une production lainière locale.
Ce n’est pas un symbole, c’est une action concrète : ces adoptions participent à financer l’élevage, la tonte, la collecte et la transformation de la laine, jusqu’à son intégration dans nos vêtements.
Reprendre la main sur la fibre, c’est garantir sa qualité, sa douceur et sa régularité.
Mais c’est aussi recréer un lien vivant entre ceux qui élèvent, ceux qui fabriquent et ceux qui portent.
Grâce à vous, cette chaîne reprend vie, du troupeau au vêtement.
Aujourd’hui, cette laine élevée ici, en Lozère, a trouvé sa place.
Elle vient enrichir les laines françaises que l’on retrouve dans nos jeans, nos vestes, nos pulls et nos accessoires.
Filée et tissée dans le Tarn, elle passe ensuite entre les mains de nos couturières et couturiers avant de devenir vêtement.
Cette laine existe grâce à un engagement collectif : celui de nos bergers, de nos équipes, des adoptantes et adoptants, mais aussi de toutes celles et ceux qui aiment, apprécient, achètent et portent nos vêtements en laine française.
C’est une fibre vivante, qui bouge, qui respire, qui demande du soin. Elle n’aime pas la précipitation. Et c’est peut-être pour ça qu’on l’aime autant.