Mont-Lozère — La ligne d’horizon

Le Mont-Lozère n’a pas la brutalité des grands sommets. Il n’impose rien. Il laisse faire. Une sorte de
grand dos rond posé sur le monde
. On marche sur des plateaux balayés par le vent, entre
roches granitiques
,
bruyères
et
pins épars
. Par endroits, le sol semble
cousu de silence
. Il n’y a plus de village. Plus de recoin. Juste
la ligne d’horizon
, droite, continue, presque rassurante.
Le corps accuse le coup
. L’altitude, le vent, la fatigue qui s’installe dans les jambes. Mais tout est allégé.
Plus de tension. Plus de bruit parasite.
On avance porté par quelque chose de très simple :
le plaisir de respirer large
.
Stevenson écrivait : « J’aimais mieux la vue de ce plateau silencieux que toutes les clameurs d’une ville. » Et on le comprend.
Ici, tout est sans cri. Mais tout parle.



On croise des
drailles anciennes
, creusées à force de sabots. Des
menhirs couchés dans l’herbe
. Des
traces de passage
qui n’ont rien à vendre.
Pas de mise en scène ici
. Juste l’évidence d’un territoire qui existe
depuis bien plus longtemps que nous
. Et qui
continuera après
.
Les sensations deviennent plus élémentaires
. La morsure du vent. Le soleil qui chauffe le haut du crâne. Le sol qui tape sous la chaussure. Le bruit des bâtons dans le gravier. C’est
un monde de peu
, mais
ce peu-là est immense
.
On
ne parle pas beaucoup
, là-haut.
On regarde. On se tait.
On se tient debout sur
un fil d’équilibre
. Le même que celui qu’on cherche parfois dans sa vie,
sans trop savoir où le trouver
. Ici,
il est là, sous vos pieds
. Et
ça suffit
.
Demain, il faudra redescendre. Suivre
la courbe douce du Tarnon
, plonger vers
Florac
. Là où
les gestes remplacent les mots
, et où
le tissu garde la mémoire des pas
.

